Hommage à Gary Peacock

New York – Studios Avatar – enregistrement de High Line et 53rd Street

Hommage sur France Musique


Gary va me manquer !
C’était un ami, un frère de musique, un confident bienveillant. Je voulais, par un texte d’hommage, évoquer ce génie de la musique et ce grand homme sage.

La note qui n’existait pas !

A Gary Peacock, mon ami, mon compagnon de musique !


New York, 2015, dans les studios d’enregistrement AVATAR, près de Center Park. Je commence à enregistrer avec le contrebassiste Gary Peacock, un musicien de légende dont j’écoute les enregistrements avec miles Davis, Paul Bley, Bill Evans …… depuis que j’ai 5 ans.
Je savais que ces journées d’enregistrement seraient d’une grande intensité et j’étais convaincu qu’avec un génie comme Gary, nous parviendrions à produire de beaux albums. Mais ce que j’étais loin d’imaginer, c’est la prise de conscience que génèrerait cette rencontre, chez le musicien et le pédagogue que je suis. Je vais vous faire part de cette expérience.
Dans les premières minutes de nos échanges improvisés, avec Gary Peacock, mes mains laissèrent apparaître un son particulier, joué à une certaine intensité, une dynamique, un timbre, une harmonie insolite. Ce son, je l’avais entendu dans mes rêves pendant plusieurs années avant qu’il n’apparaisse sur mon piano. A chaque fois que je jouais ce son, ma déception était grande car les musiciens avec lesquels je me produisais ne l’entendaient pas (sauf Martial Solal).
Un jour, je me mis même à penser que mes rêves sonores étaient des fantasmes et qu’ils ne révélaient absolument pas de vraies idées musicales.
Mais, surprise ! Quand Gary entendit ce son, il le traita immédiatement comme un joyau qu’il s’empressa de sertir. Quelle fut alors mon émotion quand je sentis la présence de mon son dans son jeu, Gary venait de me dire qu’il le reconnaissait, il venait de valider son existence, accompagnant son mouvement musical d’un sourire aux anges dont il détient le secret. Ce sourire voulait dire : « cette note est particulière, où l’as-tu trouvée ? ». D’ailleurs, dès que nous entamèrent une seconde prise de son, il vint près de moi et me questionna pour que je lui explique quel rapport cette note entretenait avec son accord sous-jacent et son contexte structurel. Devant la longueur de mes explications et son regard attendrissant qui me disait : « quoique tu m’expliques, j’ai entendu, ta note est belle, c’est tout ! ». Et de poursuivre en lui disant : « Gary, this sound is a joke ! » Il me fit alors un beau smiley sur la partition et nous partîmes d’un éclat de rire.
Maintenant ce son existe car il l’a entendu. A partir de cet instant, ce n’était plus un rêve, mais une réalité, ma réalité qui avait pu être la sienne avant de devenir notre réalité. Il a permis à cette réalité d’émerger, d’exister, en la reconnaissant.
Merci Gary !

Les artistes te saluent !

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